dimanche, juillet 31, 2005

Avant le Banquet

J'ai intitulé ce texte "avant le banquet" parce que j'ai cherché en vain dans de bonnes librairies (la Hune, La Procure et, dans mon quartier, Folie d''encre et Mille pages) "Après le banquet" , le premier Mishima que j'ai lu il y a une quinzaine d'années et celui que j'ai toujours préféré. On y trouve l'un des plus beaux personnages féminins de la littérature. J'ai eu un mois de juillet nippon : la bouffe et la littérature ou pour le dire avec plus de naturel : les nourritures terrestres et célestes.

C'est une amie, Pascale, qui, alors que je me nourrissais de suchis, m'a donné deux livres, publiés en poche chez 10-18, tous deux de Aruki Murakami : "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil" que je viens de terminer et "Les amants du Spoutnik" que je viens de commencer. C'est très beau. Et, de fil en aiguille, je suis revenu à cette période, il y a une quinzaine d'années, où on m'avait fait découvrir "Les belles endormies" de Kawabata (que je me devais de lire pour des raisons quasi-professionnelles de spécialiste des drogues) puis "La confession impudique" de Junichirô Tanizaki pour tomber finalement sur Mishima dont j'ai alors lu beaucoup.

Avec le temps, on relit ou, même si on ne relit pas, on repasse sur des chemins autrefois et autrement empruntés. Il ya des périodes russes, allemandes, françaises (combien de fois ai-je relu "Le rouge et le noir" ou les nouvelles de Kleist ?). Mais comme Freud disait que la lecture était la malédiction de ceux qui écrivent, on peut soutenir que la lecture de la presse est la malédiction de ceux qui veulent lire des romans.

Voilà, à quelques heures du départ, la liste des livres que j'emporte (cette liste devrait se réduire demain matin devant l'horrible mauvaise conscience que je vais avoir à emporter tout ce fourbi) :

Junichiro Tanizaki : "Deux amours cruels" (Stock) conséquence directe de ma vague nippone

Claude Simon : "L'invitation" (Minuit), le Nobel en 84, la mort il y a peu et un livre lu il y a trente ans "La route des Flandres" dont je me souviens à peine;

Imre Kertèsz : "Etre sans destin" (10 18) probablement parce que j'avais besoin d'au moins un livre joyeux en vacances et sur les conseils de Jeannette;

Michel de Montaigne ; "Le meilleur des Essais" (arléa) pour ne pas mourir idiot;

Gabriel Garcia Marquez : Mémoires de mes putains tristes (Grasset), bp;

T.C. Boyle : "Water music" (Phébus libretto) voilà des années que je promets à Nadia de le lire; peut-être cette année...

Luc Rosenzweig : "Lettre à mes amis propalestiniens" (Doc en stock/La Martinière) presque terminé, excellent);

Olivier Pétré-Grenouilleau : "Les traites négrières, essais d'histoire globale" (Gallimard, bibliothèque des histoires) je le commence, j'ai besoin d'y voir plus clair sur cette question cruciale où la traite transatlantique est seule mise en exergue tandis que la traite transsaharienne, celle qui existe encore aujourd'hui en Mauritanie ou au Soudan, est oubliée;

Jacques Heers : Les négriers en terre d'Islam (Perrin) si j'ai le temps...

Claude Lévi-Strauss : Le regard éloigne (Plon) pour relire "race et culture";

Raymond Aron : "République impériale, les Etats-Unis dans le monde 1945-1972" (Club français du livre) je l'ai acheté sur le net et j'espère avoir enfin le temps de le lire mais je regrette de ne pas l'avoir fait lorsque j'étais plongé dans ma période américaine après le 11 septembre;

Fernand Braudel : Grammaire des civilisations (Flammarion, champs) : une histoire du monde par le grand historien, mon rêve serait que ce texte soit aussi beau que l'admirable "Histoire de l'Europe" écrite en captivité pendant la première guerre mondiale par l'immense Henri Pirenne;

Michel Camdessus (et son groupe de travail) : "Le sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France" deux personnes ont en France cet ouvrage comme livre de chevet : Nicolas Sarkozy et moi. La différence c'est que, moi, je ne l'ai pas encore lu;

Hysayasu Nakagawa ; "Introduction à la culture japonaise" (PUF Libelles);

Erik Izraelewicz "Quand la Chine change le monde" je l'ai commencé, un peu décevant, dommage;

Jean-Michel Besnier ; "Histoire de la philosophie moderne et contemporaine" (Grasset) ça date de 93 mais c'est pédagogique et je prendrai plaisir à relire le chapitre sur Spinoza, ou sur Stuart Mill; une gourmandise;

Institut universitaire de médecine sociale et préventive de Lausanne : "Evaluation globale de mesures de santé publique de la Confédération en vue de réduire les problèmes de drogue (ProMeDro)" mon seul document de travail-travail, j'aurai probablement l'occasion d'en reparler;

Bretagne Nord, Guide du routard 2005 : tant pis pour Houellebecq que j'aime pourtant tant !

Paul Ink le 01/08/05

jeudi, juillet 14, 2005

La vie commence après la mort

La polémique entre Nicolas Sarkozy et son homologue britannique Charles Clarke sur les auteurs des attentats de Londres n'est pas encore tranchée. Elle porte sur le fait de savoir si oui ou non "une partie de cette équipe" avait fait l'objet d'une arrestation "aux alentours du printemps 2004". Il est clair, en tout cas, que le fonctionnement de cellules pas ou peu repérées par la police et dont les membres possédent la nationalité du pays et semblent vivre des vies banales constitue une arme redoutable et à un double point de vue.

Le premier, on vient de le voir est la difficulté pour la police d'identifier ces individus et, exercice presque impossible, de les arrêter au bon moment : ni trop tôt, ni trop tard. Le second est bien entendu le choc que représente cette découverte pour le pays d'accueil : des jeunes gens élevés chez nous, des Anglais ! Ainsi les avantages techniques sont indissociablement mêlés à des bénéfices politiques, l'objectif étant de susciter des affrontements inter-communautaires et un climat de guerre civile.

Mais revenons un instant à la polémique Sarkozy/Clarke. Elle porte sur une question fondamentale et qui doit être discutée devant les opinions publiques sinon dans le détail des opérations policières au moins dans le principe des stratégies à adopter. Les polices des différents pays européens ont repéré, avec plus ou moins de célérité et d'efficacité, des activistes musulmans qui voyagent beaucoup à des fins religieuses ou politiques et qui reviennent au pays. Ainsi l'un des quatre jeunes musulmans de Leeds aurait voyagé au Pakistan et en Afghanistan dans les six derniers mois. Au Pakistan dira-t-on, rien que de très normal, il était d'origine pakistanaise mais il serait intéressant de savoir ce qu'il y a précisément fait; en Afghanistan, c'est déjà plus suspect même si, je le suppose, nullement interdit. D'autres fréquentent des mosquées connues pour leur radicalisme. Chaque pays européen compte ainsi quelques centaines ou milliers de ces djihadistes parmi lesquels peuvent se recruter des organisateurs d'attentats ou des candidats à l'attaque-suicide. La surveillance de ces groupes mobilise partout en Europe des moyens importants mais peu coordonnés.

Un problème va devenir grandissant au fur et à mesure que les attentats vont se multiplier en Europe, ce qui est possible sinon probable : comment continuer à vivre jour après jour à côté de cette nébuleuse de djihadistes repérés comme tels, protégés par leur nationalité et assurés de l'impunité ou presque dans leur travail de propagande ? Les pays européens seront dans l'obligation, tôt ou tard, de disposer d'une législation unifiée leur permettant d'arrêter ou de déchoir de leur nationalité et d'expulser des personnes qui travaillent aussi ouvertement à la destruction de la paix civile, à la culture de la haine et de la mort et qui doivent être les premières étonnées de la mansuétude avec laquelle on les traite.

Autre exemple de notre retard face à cette menace alors que des formes bien plus graves d'attentats sont probablement en préparation : la conservation des données téléphoniques pendant trois ans (expéditeur, destinataire, horaire, durée, lieu MAIS pas le contenu), un projet jugé indispensable par de nombreux pays n'est toujours pas adopté car l'unanimité est nécessaire et l'Allemagne, l'Autriche et la Finlande y sont opposées. Avec quelle délectation ceux qui veulent faire régner la terreur en Europe doivent-ils assister à ces débats ?

Mais la naïveté suprême consisterait à penser que des mesures de police aussi intelligentes soient-elles viendront à bout de l'islamisme radical. Que l'Europe ait à penser cette menace depuis les attentats de Madrid du 11 mars 2004 est une évidence et le chemin sera long avant que l'efficacité soit au rendez-vous. Mais il faut aussi mener la bataille des idées contre cette vision du monde qui est convaincante au point de pousser des jeunes gens à mourir pour elle en tuant autant de victimes civiles qu'il est possible. Et, là aussi, tout reste à inventer tant nous sommes intellectuellement démunis. Qu'est-ce que nos sociétés désenchantées ont à dire à ceux qui veulent mourir en martyrs et pour qui la vie commence après la mort ?

François Heisbourg, président de l'Institut international d'études stratégiques de Londres écrit : "Comment devient-on terroriste ? Comment passe-t-on d'une vie pratiquement ordinaire à une situation dans laquelle on est prêt à se faire sauter et à tuer des centaines voire des milliers de ses compatriotes ? C'est un pas énorme qui est franchi en Afghanistan, en Tchétchénie, en Irak. Il est possible d'y faire des stages pour franchir ce pas, pour monter les marches d'escalier vers le terrorisme. L'aventure américaine en Irak a créé la plus dangereuse de ces marches d'escalier." Cher François Heisbourg, vous souvient-il qu'il n'a été besoin ni de l'Afghanistan, ni de la Tchétchénie (je ne sais d'ailleurs pas ce qu'elle vient faire là) ni de l'Irak pour qu'un certain 11 septembre 2001 l'Amérique soit frappée par un formidable acte de guerre ? Et les marches d'escalier dont vous parlez n'ont alors nullement eu besoin de la guerre en Irak pour être gravies. Quoi qu'on pense de la guerre américaine, elle est une REPONSE au terrorisme de masse des fous de Dieu. Cessons donc, de grâce, de confondre l'effet et la cause !

Paul Ink le 15 juillet 2005 (les informations utilisées proviennent du Monde daté du même jour)

vendredi, juillet 08, 2005

Nous sommes tous londoniens

Le terrorisme aveugle a donc de nouveau frappé une grande capitale européenne semant la mort, la souffrance et le deuil dans le coeur de tout un peuple. Depuis le 11 septembre et plus encore la guerre en Irak, les responsables politiques anglais n'avaient pas menti sur le risque d'attentats terroristes et un sondage récent indiquait que 75% des Anglais s'attendaient à être frappés par les fous d'Allah. Cela étant, de nombreuses questions se posent :

Tout d'abord, la politique anglaise vis à vis des extrèmistes islamistes qui ont longtemps eu pignon sur rue dans le Londonistan reste assez incompréhensible. L'Angleterre est le pays même des libertés, ce pays dans lequel, selon la formule célèbre, "la maison de chaque anglais est un chateau-fort", celui où, selon une autre formule, "lorsque l'on frappe à cinq heures du matin, ce ne peut être que le laitier", celui qui n'a toujours pas de carte d'identité. Que les islamistes mais aussi les opposants aux divers régimes autoritaires arabes aient trouvé refuge à Londres pouvait s'entendre avant le 11 septembre. Après, c'est plus difficile à concevoir. Avec la guerre en Irak, ce devient impossible. J'imagine bien que les services anglais surveillaient les sympathiques zélotes qui veulent mettre l'Occident à feu et à sang. Mais n'a-t-on pas été trop tolérant ?

Le piège des islamistes est simple dans son principe et horriblement complexe dans sa réalité : prendre les pays d'ouverture et de liberté au piège de la fermeture et de l'arbitraire. Or les pays occidentaux n'auront pas le choix. Toutes les techniques modernes de flicage seront légitimement employées pour arrêter le bras de criminels dont le premier souçi est d'avoir 100% de victimes civiles. Mais, ce faisant, nous prenons bien entendu le risque de fragiliser les libertés. Il faut donc un large débat dans les sociétés européennes sur ces questions. Car libertés (un mot auquel Raymond Aron aimait mettre un pluriel) et sécurités forment une dialectique complexe : la première des libertés, pourrait-on facilement plaider, c'est la sécurité. Et pour revenir sur un débat qui a largement alimenté nos réflexions d'européens depuis vingt ans que la délinquance a explosé en Europe : vit-on dans un pays libre lorsque l'on risque d'être agressé dans la rue surtout si l'on est vieux, lorsqu'une femme seule renonce à sortir seule le soir, lorsque le quidam moyen va au ditributeur de billets de banque avec un sentiment de vulnérabilité ? D'un autre côté le renforcement des contrôles, l'intrusion dans la vie privée, l'affaiblissement des règles du droit peuvent à tout moment devenir un danger pour la démocratie, "le pire des régimes à l'exception de tous les autres" (Sir Winston). Plutôt que de hurler à l'assassinat des libertés, les marginaux de tous poils, mes amis, devraient comprendre qu'ils sont et seront les premières victimes de cette guerre aux libertés que mènent les islamistes.

La "stratégie de la tension" est explicitement recherchée par les islamistes. L'un des buts de ces attentats est bien de créer des tensions et, si possible, des affrontements entre autochtones et populations issues du monde arabo-musulman. Le projet de guerre civile est explicite. Ce faisant, les penseurs de cette stratégie jouent sur du velours. Aujourd'hui 90 pour le pas dire 95% du terrorisme mondial est islamiste. Tous les pays européens ont, sur leur sol, de vastes populations arabes. Une minorité est radicalisée par un islam militant et intégriste et une plus petite minorité encore par une volonté de porter le Djihad. C'est à l'intérieur de ce dernier groupe que se recrutent les exécutants directs des attentats. Mais grâce à ce système de poupées russes, ils sont "comme un poisson dans l'eau" pour paraphraser le Président Mao. En réalité, seul un miracle de fatigue historique, de culpabilité post-coloniale et d'un mélange de pacfisme et d'intelligence politique explique que, malgré quelques rares débordements, les attentats de la gare d'Atocha n'aient pas provoqué de pogroms anti-marocains ni l'assassinat de Théo Van Gogh en Hollande une vague de violence anti-immigré.

Les sociétés arabo-musulmanes sont des sociétés mono tandis que les sociétés occidentales sont toutes devenues multi (ethniques, religieuses, culturelles). Le pari de la viabilité de telles sociétés "multi" ne va pas de soi. Qu'il soit un échec et c'est l'intolérance et le fanatisme qui auront gagné. Voila une autre raison de maîtriser les flux migratoires et d'assumer urgemment une immigration non pas subie mais choisie. Il faut tout faire pour déjouer le piège islamiste et cesser de nous réfugier dans un angélisme hors de saison. L'Europe a largement de quoi assurer pour quelques générations sa diversité. Son souçi doit maintenant être de mener une politique efficace de lutte contre l'immigration clandestine et de contrôle des flux. Malek Boutih a fait, sur ces questions, des propositions de bon sens.


Les islamistes souhaitent terroriser les sociétés occidentales et sont persuadés que leur cruauté (qu'ils n'ignorent pas) est mise au service d'une cause juste, la défense de l'Islam et du monde arabe agressés par l'Occident. Il serait donc naïf de croire que la seule vision des attentats, de leur cortège de victimes innocentes, de morts et de blessés, et de familles brisées par la perte d'un proche ou d'un ami soit de nature à changer quoi que ce soit à la détermination des tueurs. En réalité, c'est bien à un choc des civilisations qu'appellent les djihadistes comme l'avaient vu avec lucidité Bernard Lewis et Samuel Huntington. Les européens, les occidentaux doivent cesser de cultiver l'art de la dérision, si proche de l'esprit du nihilisme. Ils doivent retrouver le sentiment de la fierté, non pas une fierté aveugle, comme celle qu'a produit le nationalisme cocardier, non pas une fierté qui nie l'histoire, celle de la domination du monde par l'Occident après les grandes découvertes puis l'aventure coloniale, mais une fierté "civilisationnelle". Les Anglais dont le courage n'est plus à démontrer, les londoniens qui subirent les bombardements allemands pendant la guerre avec un flegme admirable puis les attentats de l'IRA pendant deux décennies sont les mieux placés pour nous montrer le chemin de cette fierté nouvelle. Oui, aujourd'hui, nous sommes tous londoniens.

Paul Ink le 8 juillet 2005

mercredi, juillet 06, 2005

Londres

Imaginez le gag suivant : une grande capitale veut faire savoir au Comité Olympique International qu'elle veut les jeux de 2012 et le jour où le CIO se pointe, il y a une bonne grosse grève dans la-dite capitale. La ville de Paris s'étonne ensuite de perdre. Il ne s'est donc trouvé, ni chez les syndicats ouvriers ou patronaux ni dans la puissance publique, l'énergie de déplacer cette grève d'un jour avant ou après ?! On permettra à l'auteur de ces lignes de penser que Paris a commencé par perdre précisément ce jour là.

C'est une ville de Londres, capitale d'un pays dynamique, flexible, moderne, avec une conscience des ruptures profondes qui viennent et que personne n'a le pouvoir d'éviter, qui gagne contre un Paris plutôt grognon, agressif et réactionnaire. On imagine combien les jeux auraient été une bonne affaire pour Paris qui présentait pour la troisième fois sa candidature en vingt ans. Mais précisément on en a fait un enjeu presque vital et la déception est à la mesure de cet espoir. Car les jeux ne repasseront pas en Europe avant longtemps.

Tony Blair est un politicien tout simplement plus actuel que Jacques Chirac. Lorsqu'il affirme que l'éducation et la recherche sont la clé, lorsqu'il assume la flexibilité du marché du travail, fait cause commune avec les Américains après le 11 septembre, dit qu'il faut être dur avec le crime et avec les causes du crime, il tient un discours audible par un européen du début du XXI° siècle.

Jacques Chirac a la scoumoune : après le non français au Traité constitutionnel, après le non singapourien à Paris (et qui résonne avec le premier, le 29 mai est peut-être la seconde date clé de cet échec), le pays est face à l'image qu'il donne au monde. Et le monde, rien d'étonnant, a choisi Londres. Ce qui pourrait arriver de mieux à Paris et à la France serait de se demander sérieusement pourquoi Londres a gagné et Paris perdu. Et on verra que c'est une question de projet, d'ambition, de courage. Le symbole de cette victoire et de cette défaite va très au delà du sport et de l'économie : tout le monde en a conscience. A commencer par Sarkozy, le Blair qu'attendent les Français.

Paul Ink le 6 juillet 2005