samedi, septembre 24, 2005

Houellebecq

J"ai un peu honte mais j'ai découvert Michel Houellebecq en lisant...Le Monde ! C'était, je crois, l'été 2001 et le quotidien vespéral, dans une actualité probablement endormie par les vacances, avait choisi de titrer sur le tourisme sexuel et livrer quelques bonnes pages de "Plateforme".

Je dois faire à mes innombrables lecteurs une confession : je ne suis pas très aventureux en matière de romans. Je me contente volontiers des valeurs sûres. Je relis Stendhal ou Pouchkine. Grâce aux conseils avisés d'une personne que je ne peux nommer, j'ai lu "Disgrâce", un livre immense, peu de temps avant que son auteur, Coetzee, n'obtienne le prix Nobel mais c'était un coup de chance pour moi (et peut-être aussi pour les Nobels qui ne récompensent pas toujours des talents immortels) Récemment, j'ai découvert, grâce à une amie, Murakami mais là aussi c'est plutôt une exception qui confirme la règle. Bref, je n'avais jamais lu une ligne de Houellebecq même si, probablement, j'avais dû être titillé, à l'époque, par le titre admirable de l'ouvrage intitulé "Extension du domaine de la lutte". Mais de là à le lire...

J'ai lu ce jour d'août 2001, car je crois bien que c'était, prophétiquement eu égard à la fin du libvre, peu de temps avant le 11 septembre, les bonnes pages du Monde et j'ai immédiatement été ébloui par la prose de Houellebecq. Toutes affaires cessantes j'ai acheté son livre. Je ne dirai pas le bien que j'en pense, c'est absolument inutile. Ensuite j'ai lu "Les particules élémentaires" qui m'a plutôt déçu (eu égard au choc de "Plateforme") puis "Extension..." et, un peu par hasard, "Lanzarotte"que j'ai, tous deux, beaucoup aimé. Bien entendu je fais partie de la longue théorie de celles et ceux qui ont acheté "La possibilité d'une ile" précisément le 31 août 2005. Je suis devenu un fan !

Parmi la masse considérable des commentaires que ses livres méritent, je voudrais n'en faire qu'un seul. Je ne sais si MH a jamais lu "La persécution et l'art d'écrire" de Léo Strauss, théoricien connu longtemps d'un maigre public puis devenu une sorte de star posthume depuis qu'il est considéré comme LA référence philosophique des néo-conservateurs américains. Mais voilà ce que je constate : il y a dans les deux derniers livres de Houellebecq un leurre et qui marche on ne peut mieux auprès des médias. Ce leurre n'en est bien entendu pas complètement un mais presque. En tout cas, le sujet enflamme la polémique et, comme on dit, ça le fait grave ! Avec Plateforme, c'était le tourisme sexuel : la bousculade a été mémorable. Avec "La possibilité d'une ile", c'est le clonage et la secte des Raéliens, ça marche encore du feu de Dieu !

Or ce n'est pas de cela qu'il s'agit. La "scène primitive", pour parler comme les analystes, se situe tout à fait ailleurs. On pourrait dire aussi la clé du livre ou son coeur. Dans "Plateforme", c'est la scène du viol dans le RER Dans "La possibilité d'une ile", c'est le meurtre du chien. Pour ceux qui ne connaissent pas MH, cette chute est un peu obscure. J'y reviendrai donc. Les lecteurs de Houellebecq, eux, comprendront.

Paul Ink le 27 septembre 2005

vendredi, septembre 23, 2005

Dinesh D'Souza

Hier, 22 septembre, sur France-Info, Bernard Tomasson interviewait un syndicaliste de de Hewlett Packard. A la fin, il pose à peu près la question suivante : "Avec toute cette mobilisation autour des licenciements, pensez-vous pouvoir faire plier HP ?" Et le syndicaliste de répondre : "Il ne s'agit pas de les faire plier mais de les faire réfléchir." Morale : alors que les journalistes de France-Info sont prêts à se battre jusqu'au dernier salarié de HP, les voilà qui se vautrent dans la mollesse et le compromis. La lutte des classes n'est plus ce qu'elle était !

Grâce à une mobilisation exceptionnelle un jeune lycéen camerounais n'a pas été expulsé et son dossier va être réétudié. Il s'agit d'une jeune comme tous les jeunes sauf qu'il est sans ressources et sans papiers mais, et ce détail à lui seul rend toute l'affaire infiniment touchante, déjà...père de famille ! Sympa, non ?

Connaissez-vous Dinesh D'Souza ? Non ? Alors, précipitez-vous ! L'an dernier Grasset avait publié "Pourquoi il faut aimer l'Amérique" avec une préface de Jean-François Revel, l'un des meilleurs livres qu'il m'ait été donné de lire après le 11 septembre. Et le hasard a fait que j'ai trouvé avant-hier chez un bouquiniste son premier livre traduit en français en 1993 par Gallimard : "L'éducation contre les libertés, politique de la race et du sexe sur les campus américains". Il s'agit d'une passionnante étude sur la politique de "discrimination positive" dans les universités américaines et les dérives parfois loufoques qu'elle a provoqué. Il est arrivé que les "mecs blancs hétéros" soient systématiquement rayés de la liste des auteurs fréquentables dans les domaines de la philosophie, de la littérature ou des sciences sociales, ce qui fait quand même pas mal de monde. Dinesh D'Souza sait mêler avec bonheur la solidité de l'information, la profondeur de l'érudition et un humour qu'il distille avec brio. Sa lecture devrait être obligatoire (avec interro écrite surprise). Né à Bombay et installé aux Etats-Unis depuis la fin des années 70 il est devenu l'un des plus brillants défenseurs de la civilisation occidentale. Presque un salaud, quoi !

Paul Ink le 23 septembre 2005