dimanche, décembre 04, 2005

Après les émeutes

L'un des paradoxes de la situation actuelle, et qui mériterait d'amples développements, c'est que les politiques doivent à la fois et dans le même temps promouvoir, quel que soit le nom qu'on lui donne et les moyens employés, la "diversité ethnique" à l'INTERIEUR tout en luttant contre l'immigration non choisie c'est à dire subie à l'EXTERIEUR. On conçoit qu'après trente ans d'omerta sur tout ce qui froisse nos yeux pusillanimes de Français (ou plus généralement d'Européens) fatigués, l'exercice soit difficile. Espérons qu'il ne soit pas impossible. Les problèmes d'immigration sont devant nous pour les vingt ou trente ans qui viennent et la pression migratoire va devenir, ou plutôt est devenue, la question centrale des sociétés européennes.

Tandis que le gouvernement et les élites ne parlent, après les émeutes urbaines, que de lutte contre l'immigration clandestine, de durcissement des conditions du regroupement familial, de contrôle des mariages de complaisance et même, pour la première fois, des conséquences désastreuses de la polygamie (les faits sont têtus mais Jacques Chirac continue de l'ignorer), on cloue au pilori Alain Finkielkraut parce qu'il dit de ces émeutes qu'elles sont "ethniques" et qu'il ose répéter ce qui se dit dans tous les bistrots du pays sur l'équipe de France de football à savoir qu'elle est "black, black, black". On croit rêver ! Quelle ironie ! On devrait en rire si l'affaire n'était aussi grave. Et prendre au sérieux le résumé lumineux que l'auteur de "La défaite de la pensée" fait de notre situation : comment intégrer des gens qui n'aiment pas la France dans une France qui ne s'aime pas ?

Paul Ink le 4 décembre 2005