mercredi, juillet 06, 2005

Londres

Imaginez le gag suivant : une grande capitale veut faire savoir au Comité Olympique International qu'elle veut les jeux de 2012 et le jour où le CIO se pointe, il y a une bonne grosse grève dans la-dite capitale. La ville de Paris s'étonne ensuite de perdre. Il ne s'est donc trouvé, ni chez les syndicats ouvriers ou patronaux ni dans la puissance publique, l'énergie de déplacer cette grève d'un jour avant ou après ?! On permettra à l'auteur de ces lignes de penser que Paris a commencé par perdre précisément ce jour là.

C'est une ville de Londres, capitale d'un pays dynamique, flexible, moderne, avec une conscience des ruptures profondes qui viennent et que personne n'a le pouvoir d'éviter, qui gagne contre un Paris plutôt grognon, agressif et réactionnaire. On imagine combien les jeux auraient été une bonne affaire pour Paris qui présentait pour la troisième fois sa candidature en vingt ans. Mais précisément on en a fait un enjeu presque vital et la déception est à la mesure de cet espoir. Car les jeux ne repasseront pas en Europe avant longtemps.

Tony Blair est un politicien tout simplement plus actuel que Jacques Chirac. Lorsqu'il affirme que l'éducation et la recherche sont la clé, lorsqu'il assume la flexibilité du marché du travail, fait cause commune avec les Américains après le 11 septembre, dit qu'il faut être dur avec le crime et avec les causes du crime, il tient un discours audible par un européen du début du XXI° siècle.

Jacques Chirac a la scoumoune : après le non français au Traité constitutionnel, après le non singapourien à Paris (et qui résonne avec le premier, le 29 mai est peut-être la seconde date clé de cet échec), le pays est face à l'image qu'il donne au monde. Et le monde, rien d'étonnant, a choisi Londres. Ce qui pourrait arriver de mieux à Paris et à la France serait de se demander sérieusement pourquoi Londres a gagné et Paris perdu. Et on verra que c'est une question de projet, d'ambition, de courage. Le symbole de cette victoire et de cette défaite va très au delà du sport et de l'économie : tout le monde en a conscience. A commencer par Sarkozy, le Blair qu'attendent les Français.

Paul Ink le 6 juillet 2005