mercredi, juillet 18, 2007

Sarko : la fin de l'état de grâce ?

Nicolas Sarkozy, dont l'appétit est vorace, n'a pas mangé tout son pain blanc, loin s'en faut. Mais il a déjà bien entamé la miche. Par une ironie assez loufoque, sa première grande déconvenue aura été la défaite d'Alain Juppé aux législatives. Je ne sais pas si on a demandé au sympathique maire de Bordeaux "d'y aller" ou si, orgueil aidant, il a tout de même voulu se présenter dans une circonscription où Ségolène Royal avait fait 54% à la Présidentielle. Ce qui est certain, en revanche, c'est que le grand ministère avait été taillé à sa mesure et que son successeur n'a eu d'autre choix que d'abandonner Bercy pour des fonctions auxquelles il n'était nullement préparé. D'où les cafouillages du "Grenelle de l'environnement" qui en annoncent peut-être d'autres. Il va falloir à Jean-Louis Borloo une formation accélérée pour tenir les manettes du monstre institutionnel dont il a pris la direction.

Cela étant, la défaite de Juppé a eu au moins un avantage : la promotion de la brillante et belle Christine Lagarde qu'on verrait bien à Matignon dans quelques années.

Autre problème : l'emblématique Rachida Dati passe un très mauvais quart d'heure. Outre la démission de son dir cab et de plusieurs conseillers, le passé chargé de deux de ses frères fait désordre. Il n'est, en effet, pas habituel que le Garde des Sceaux ait deux proches délinquants. La situation est embarrassante et explique que, de la gauche à la droite, on soit venu au secours de Mme Dati qui n'était, au reste, critiquée par personne. Mais le concentré de clichés que charrie cette affaire (une famille maghrébine nombreuse, des filles qui travaillent et des garçons qui dealent) est si lumineux que l'on sent bien que c'est à la vox populi que répond par avance le monde politique. Le pari risqué de Nicolas Sarkozy est loin d'être gagné. Et il faudra bien des soutiens et des nerfs d'acier à Rachida Dati pour ne pas être écrasée par le symbole qu'elle représente. Même si le PS a beaucoup à se faire pardonner en matière de discrimination positive, il n'est pas certain qu'il soit éternellement aussi complaisant avec elle que durant la discussion de son projet de loi sur la récidive.

La réunion du Président avec Angela Merkel pour remettre de l'ordre dans EADS ne semble pas, malgré la capacité de Nicolas Sarkozy à transformer des défaites en semi-victoires, avoir été très favorable aux Français même si la nomination de Louis Gallois à la tête d'EADS fait illusion. La puissance de l'industrie allemande a parlé alors que le nouvel organigramme reste lourd de futurs conflits tant les intérêts nationaux continuent à peser d'un poids décisif face au rêve européen.

Tout cela ne fait certes pas beaucoup si l'on songe à la maestria avec laquelle le Président a débauché à gauche offrant à chacun (on pense en particulier à Bernard Kouchner, Dominique Strauss-Kahn et Jack Lang) un poste qu'il était incapable de refuser. Et puis il y a la réussite du "mini-traité" qui sort, on peut l'espérer, l'Europe de l'ornière.

Le peuple français attend beaucoup du Président de la République. Il n'a pas le droit de décevoir. Souhaitons que ces quelques craquements n'annoncent pas le début de la fin de l'état de grâce du prestidigitateur qui nous gouverne.

Paul Ink le 19 juillet 2007

2 Comments:

At 29 juillet 2007 à 09:31, Anonymous Anonyme said...

borloo est l'un des membres fondateurs de génération écologie.par pur arrivisme certes, il cherchait le créneau porteur, n'empêche, on ne peut pas dire qu'il n'y connait rien!

 
At 22 mars 2009 à 16:10, Blogger incorrectement said...

incorrectement.blogspot.com

 

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