Constitution : tu veux ou tu veux pas ?
Un deuxième sondage donne le "non" vainqueur au référendum sur la Constitution européenne. La campagne est lancée. Quelques remarques en vrac. Tout d'abord, je suis comme 99% des Français dans l'ignorance complète du contenu de cette fameuse Constitution. Il serait temps que les partisans du "oui" fassent preuve d'un peu de pédagogie. D'autant que chacun, au moins dans les sondages, vote selon son humeur :
- "Etes-vous content en ce moment ?"
- "Non !"
- "Eh bien ! Vous savez comment voter au référendum !"
Comme le faisait remarquer un partisan du "oui", on ne devrait jamais organiser de référendum sauf si 1) on est certain de le gagner 2) on est obligé de l'organiser. Chirac doit se dire qu'il aurait mieux fait de réunir les chambres en Congrès !
Au point où en sont les choses, le seul qui ait manifesté un peu de pédagogie, c'est Nicolas Sarkozy qui a fait bruyamment savoir que voter "oui", ce n'était pas soutenir l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Aura-t-il à expliquer bientôt que voter oui ne veut pas non plus dire que l'on applaudit à la directive Bolkestein ?
Où l'on se rapproche du coeur de la question. Le "non" vient essentiellement de la gauche. Et l'on a donc envie de dire à François Hollande qu'il est difficile de passer son temps à diabolisr le "libéralisme" et d'appeler à voter "oui" à la fameuse Constitution. Tandis qu'il s'affiche avec Nicolas Sarkozy sur la couverture de "Match", Jean-Luc Mélenchon préfère la compagnie de Marie-Georges Buffet pour appeler à voter "non". Quel est celui des deux qui apparaît comme le véritable homme de gauche ? Hollande serait tombé dans un piège qu'on ne serait pas stupéfait. Finalement l'absence d'un Bade-Godesberg français fait sentir ses effets jusqu'à aujourd'hui. Même si le PS n'a plus pour ambition de "rompre avec le capitalisme", il maintient toutes sortes d'ambiguités sur le marché, la concurrence, la compétitivité. Cela pourrait finir par lui coûter très cher.
Il est vrai que le projet européen est devenu illisible. L'élargissement était nécessaire pour signifier le dépassement du rideau de fer et du glacis soviétique. Mais l'affaire turque est venue tout compliquer et le projet Bolkestein est arrivé au plus mauvais moment. Le "oui" semble affecté par une scoumoune du timing. On nous dit que l'Europe puissance est définitivement hors de portée. Ou, pire, on ne nous le dit pas. Mais les européens en savent aujourd'hui trop ou trop peu dans un monde chaotique et dangereux. Les Etats-nations sont affaiblis tandis que l'Europe n'a ni espace judiciaire, ni police ni armée européens, aucun des pouvoirs régaliens. Les européens sont le cul entre deux chaises. Et l'on se demande ce que le ministre des Affaires Etrangères européen dirait des grandes affaires du monde alors que l'Europe semble incapable de parler d'une seule voix. Depuis l'affaire de la CED il y a cinquante ans, jamais la crise n'avait été si profonde. Nous sommes bien à la croisée des chemins.
Paul Ink le 21 mars 2005
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