lundi, février 28, 2005

Pot pourri

Un mot sur l'affaire Gaymard : il y a quelque chose de fascinant et finalement de pas très rassurant à voir avec quel amateurisme le pouvoir a géré toute cette affaire. Au début, ça ne se passe pas trop mal : Gaymard accepte, sous la pression de Matignon probablement, de faire savoir qu'il va quitter son logement de fonction dés que le papier du Canard enchaîné du 16 février est connu. Ensuite, il y a peut-être le choix contestable de ne pas se rendre le lendemain au Sénat où le Trombinoscope doit lui remettre le prix de révélation politique de l'année mais d'aller sur France 2 face à DSK dans "cent minutes pour convaincre" et d'y être mauvais.

Mais le pire est à venir, la fameuse interview à Match : je suis pauvre, je n'ai rien, si j'étais riche je n'aurais pas tous ces ennuis. Bref, il y a eu du pétage de plombs. Ce que l'on peut comprendre : le "discret" Gaymard perdait pied. Analysons donc la situation.

Si on avait dit, juste avant l'affaire, à Gaymard qu'il allait sauter, il aurait imaginé avoir commis une lourde faute de politique économique à plusieurs milliards d'euros mais certainement pas cette ridicule histoire de logement de fonction : de minimis non curat praetor comme disaient les anciens. Voilà donc un homme de 44 ans qui milite depuis trente ans, est protégé par le Président depuis vingt, occupe l'un des trois ou quatre plus grands ministères de la République et fait partie de la short list des premier-ministrables. Bref pour Chirac et la chiraquie, quelqu'un de très, très précieux. Et on laisse apparemment cet homme se dépétrer aussi mal que possible d'une histoire qui était encore sauvable à la condition qu'aucune erreur ne soit plus commise, la première étant évidemment de faire une déclaration qui puisse presque immédiatement apparaître comme un grossier mensonge. Bref, qu'ont fait les hommes de communication du Président qui auraient dû se porter immédiatement au secours du soldat Gaymard en perdition ? Qui a laissé faire la désastreuse interview à Match ?

N'importe quel grand patron soumis à une tourmente de ce type où se mêle la faute politique et l'étalement de la vie privée (que l'on croyait à l'abri des regards dans un confortable duplex) aurait été mieux défendu. Je ne veux pas m'apitoyer sur Hervé Gaymard pour qui je n'éprouve aucune sympathie particulière. Mais je suis frappé par l'amateurisme dont on a fait preuve aux plus hauts sommets de l'Etat pour défendre un de ses plus zélés serviteurs qui se croyait tout de même autorisé, travaillant 120 heures par semaines, à loger décemment sa famille nombreuse aux frais du contribuable côté cour et à expliquer qu'il fallait se désintoxiquer de la dépense publique côté jardin. Les hommes de chiffres n'ont pas nécessairement le sens des symboles. mais c'est embêtant pour un homme politique.

Une dernière remarque : la démocratie, Tocqueville l'a bien montré, c'est la passion pour l'égalité. Dans les histoires à la Gaymard, ce qui rend possible cet emballement médiatique très particulier, cette curée, le feuilleton qui se consume et apporte chaque jour de quoi brûler jusqu'à la chute, le côté : faut qu'ça saigne !, c'est bien entendu le viol de cette passion. Et le plaisir, sans égal si l'on peut dire, que prend le peuple à se venger de ces pécheurs. Qu'on se souvienne, par exemple, de l'affaire de la paire de chaussures de Roland Dumas à vingt ou trente mille francs : elle a fait rire, d'un rire vengeur, le pays tout entier qui avait, l'espace d'un instant, l'occasion de jeter un oeil sur les moeurs et le train de vie des grands seigneurs qui nous gouvernent.

Libération du 25 février consacre son "grand angle" à Skyrock, "La radio qui blogue". Et j'y lis ceci : "A la différence des blogs d'adultes, construits et éditorialisés, les blogs adolescents se résument souvent à leur dimension interactive. L'échange prime sur le contenu et un blog réussi déborde de commentaires appelant eux-mêmes des commentaires sur les commentaires et des citations sur d'autres blogs dans un maillage communautaire sans fin." Qu'on me permette un seul commentaire : what a drag it is getting old !

Je lis dans Le Figaro du samedi 26/dimanche 27 février un article ainsi titré : "Ils tuent une automobiliste en jetant des objets de leur voiture". Il s'agit de deux jeunes hommes qui, du côté de Perpignan, ont balancé de leur véhicule un transformateur électrique qui a atterri sur le pare-brise d'une mère de quatre enfants. Ce fait divers me semble exemplaire à beaucoup de titres mais l'un me semble important : tout le monde jette tout à pied en moto ou en auto et c'est pour cela que nos rues ressemblent à des poubelles et nous, forcément un peu à des détritus. Ces deux jeunes cons en ont fait trop, un transformateur électrique c'est un peu plus gros qu'une cannette de bière, mais le principe est le même. Et il est tellement débile que parfois, il tue.

Paul Ink le 01/03/05

3 Comments:

At 1 mars 2005 à 23:44, Anonymous Anonyme said...

"what a drag it is getting old" .Te rappelles tu de cette phrase "vous nous faites vieillir"? Ils ont réussi.

 
At 2 mars 2005 à 14:24, Anonymous Anonyme said...

Je me souviens qu'en 68 (mille neuf cent) on disait quelque chose comme : "Nous ne haïssons pas les vieux mais tout ce qui fait vieillir" ou quelque chose comme ça. Mais qui a dit :"Vous nous faites vieillir" et dans quel contexte ?

Un marxiste tendance Groucho

 
At 6 novembre 2005 à 13:12, Anonymous Anonyme said...

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