jeudi, décembre 23, 2004

Allez voir Coup de foudre à Bollywood (22/12/04)

La mondialisation a parfois du bon et avec elle le fameux métissage dont on nous rabat habituellement les oreilles. "Coup de foudre à Bollywood" de la réalisatrice anglaise d'origine indienne Gurinder Chadha nous en donne la preuve. C'est elle qui avait réalisé le formidable "Joue la comme Beckham" qui plantait déjà un décor irresistible de drôlerie avec des personnages parfois caricaturaux issus des classes moyennes d'origine indienne vivant en Angleterre et un peu perdus entre tradition et modernité, la palme revenant aux mères obsédées par la recherche d'un mari pour leurs filles.

Dans "Coup de foudre à Bollywood" (contraction de Bombay et Hollywood) et qui s'appelle en anglais "Bride and Prejudice", jeu de mots sur "Pride and Prejudice", Gurinder Chadha reprend la trame du roman de Jane Austen et le transporte aujourd'hui entre Amritsar, Londres et Los Angeles, tout simplement. Les mères sont toujours obsédées par le mariage de leurs fille même si, cette fois, aucune ne veut devenir footballeuse. Quant aux filles, elles sont toutes belles dont l'héroïne Aishwarya Rai, à se damner ! Vous lirez partout des portraits d'Ash dans la presse et la verrez partout en photo, il est donc inutile de développer mais on permettra à l'auteur de ces lignes d'indiquer qu'il la trouve presque aussi belle que la sublime Salma Hayek.

Le film est bien bollywoodien car si l'intrigue est à moitié austinienne, l'autre moitié est directement issue des films indiens avec histoire d'amour, intermèdes de danse et de musique et, après bien des péripéties, happy end. Mais la réalisatrice sait se moquer avec bonheur des clichés occidentaux sur l'Inde pauvre et sous-développée, de la bétise des indiens qui ont réussi en Amérique et, finalement, tout le monde en prend joyeusement pour son grade. Le père manifeste au long du film une sagesse, une élégance et une sagacité qui en font un personnage tout à fait lumineux et qui a pour son pays la même fierté que pour sa fille.

Au delà de la comédie, c'est à un véritable renversement des rôles qu'appelle le film : ceux qui agissent, ceux qui inventent, ceux qui avancent, parfois dans un certain inconfort mais avec tant de dynamisme, sont les Indiens qui savent même trouver dans la grande littérature européenne des histoires à raconter. Et l'on se plait à croire que, passé un premier moment de stupéfaction, bien compréhensible, Jane Austen aurait adoré ! En attendant, avec cette brillante synthèse orientale de l'Orient et de l'Occident, avec cette comédie naïve et espiègle, Gurinder Chadha nous montre qu'elle est une grande artiste et une grande ambassadrice de son pays d'origine.

Paul Ink